Marie d’Ortale

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Ortale et l’histoire de l’Alesani

L’histoire d’un petit village est toujours difficile à écrire, faute de sources régulièrement  informées, d’archives nombreuses et de documents fiables sur certaines époques très anciennes. Nous nous contenterons donc ici d’une esquisse monographique renseignant sur les grandes lignes et suggérant quelques pistes, comme une invite à prolonger et approfondir le travail pour les futurs chercheurs.  

L’Ortale est situé à environ 500 mètres d’altitude sur un à-pic rocheux (d’où son toponyme qui remonterait plutôt à un noyau prélatin ORT = rocher abrupt– qu’au classique hortus latin) à l’entrée orientale de la vallée d’Alisgiani, sur la rive gauche du Bussu, face à la chaîne montagneuse de Muteri. Cela pour faire place d’emblée à la légende qui prétend que les Sarrazins furent défaits en 810 à l’embouchure de la dite rivière puis poursuivis par Charles, fils aîné de Charlemagne, dans la montagne de Muteri.

Du siècle suivant et beaucoup mieux informée relève l’hypothèse de Genevière Moracchini-Mazel qui postule l’existence, à partir de documents tirés du cartulaire de Monte Cristo, d’un comte Simon (désigné parfois sous le nom de Dominus de Corsica ou  Simone), fondateur de l’abbaye de Verde, qui fait testament en sa maison de Canavarile d’Ortale, en l’an 952, du legs de ses terres comme suzerain à la communauté religieuse de Monte Cristo. Il s’agirait rien moins que du célèbre Conte Pazzu (tous les autres pareillement nommés en Corse auraient donc été ses vassaux) dont nous avons pu déterminer l’emplacement de ses castelli d’été et d’hiver, et de sa chapelle romane familiale Santa Maria (IXème siècle), toujours visible non loin du village actuel. Si des fouilles venaient à confirmer l’existence de son château de Canavarile, près de la chapelle, il faudrait bien conclure à la réalité de ce premier souverain médiéval de notre île et ce ne serait point une mince affaire !

La période médiévale mentionne aussi le village comme un de ceux qui ont à leur tête une lignée de capurali : l’un d’entre eux,  Guglielmu, se signale aux côtés de Ghjuvan Paulu di Leca contre l’Office génois de Saint-Georges, mais les Corses sont défaits en 1487. L’Ortale est brûlé en même temps que Matra et Chjatra, et le capurale Guglielmu sera torturé et décapité.

Chapelle romane Santa Maria

Un autre personnage, beaucoup plus connu, est le chroniqueur de Felce, Petru Cirneu (1447-1503), prêtre qui décrivit en latin dans son De Rebus Corsicis les événements historiques intéressant sa région au XVème siècle avec d’autant plus de précision qu’il racontait son propre vécu : ainsi, prenant parti pour ses parents d’Ortale dans un conflit qui les opposait à ceux de Chjatra et U Petricaghju, il les aide à fortifier leur castellu du Monte Osari, qu’ils avaient édifié quelques années auparavant au-dessus de Cervioni pour se protéger des incursions du roi d’Aragon allié à Vincentellu d’Istria.

L’histoire de la Corse est souvent difficile : au XVIème siècle, par exemple, la guerre faisant rage entre Gênes et la France, les villages de l’Alisgiani paient lourdement leur engagement : ainsi dans les années 1552-59 tous furent incendiés par les Génois sauf l’Ortale qui l’avait déjà été par les Français quelque temps auparavant. On ne s’étonnera donc guère des nombreuses famines et disettes qui touchent la région pendant tout le siècle.

Au XVIIème, à l’occasion de ce que les historiens ont appelé la paix génoise, succède une période où l’agriculture et l’élevage se développèrent et où furent plantés les nombreux châtaigniers qui firent longtemps la richesse de la Castagniccia. C’est probablement au cours de ce siècle qu’a pu être construite l’église principale actuelle Santa Maria Assunta en remplacement de l’ancienne chapelle romane du IXème siècle autour de laquelle s’élevait sans doute le premier village d’Ortale.

Les documents se font plus nombreux ensuite : on apprend ainsi qu’en 1856 étaient cultivés au village en plus des châtaigniers 213 hectares de blé, 47 ares de vignes, 5 hectares d’oliviers et 3 hectares de jardins. Il y avait aussi trois moulins à eau et une dizaine de fours à pain. Par ailleurs le recensement de 1769 donne 289 habitants pour le village ce qui en fait un des plus peuplés, le total du canton étant à l’époque de 2765 habitants.