Pour faire davantage connaissance avec le village d’Ortale et plus largement avec la vallée d’Alesani, nous proposons d’ouvrir une rubrique dont le but est de recueillir le maximum d’informations puisées dans toutes les bibliothèques matérielles et « immatérielles » (les détenteurs de savoirs sont toujours sous estimés !) dans toutes les disciplines, de la Géographie à l’Histoire, de la Géologie à la Climatologie, et bien d’autres encore. Tout apport ou témoignage seront appréciés – surtout ceux relatifs aux faits et gestes de nos chers anciens – afin de conserver et partager le patrimoine du village.
Pour cette première « sortie » nous aborderons des généralités et les données doivent être considérées à titre indicatif ; l’objectif est de planter le cadre et de poursuivre par la suite, à partir d’une trame thématique chaque fois renouvelée et espérons enrichie par des futures contributions des Ortalais.
Comme chacun sait, la Vallée d’Alesani est une entité spatiale à part entière. Elle est orientée à l’Est avec une légère inclinaison d’une dizaine de degré comme le montre l’axe de recueil des eaux en sa partie centrale. Sur une photo satellitaire ou depuis la crête sommitale des Caldane (1726m), le regard balaie une surface, typique de la montagne corse, dictée aussi bien par la ligne de crête – en demi cercle – que par les configurations très contrastées de terrain (talweg encaissés, fortes pentes, barres rocheuses).
En fait, il serait plus logique de parler de bassin versant, puisque la vallée en détient toutes les caractéristiques (réseau hydrographique dense, cours d’eau principal, disposition et unicité de terrains, pentes variées, végétation dense, etc.). Dans le langage courant, le terme « vallée » prévaut mais celui de « pieve d’Alisgiani » (ancien canton pour simplifier) ou encore « conca d’Alisgiani » sont toujours usités.
Ce bassin dessine une surface dont les données seront précisées prochainement. La distance maximale de la pointe des Caldane à la mer est d’environ 30km ; la largeur maximale de la vallée est approximativement de 8 km (entre Arcarotta et Punta di U Castellu (pointe entre Novale et Perelli) et la minimale 1km (au niveau du barrage). Cette surface se présente en forme de « poire » dont on peut par commodité visuelle placer une fermeture au niveau du barrage. Dans ce cas, il convient de signaler que d’autres communes, en amont du barrage, mais qui sont hors Alesani, sont concernées par le bassin versant telles, Pietra di Verde, Chiatra, Sant’Andria di u Cotone et même San Giulianu en aval du barrage.
L’ensemble des communes d’Alesani occupent quant à elles, une superficie d’environ 4500 hectares. Si les limites supérieures sont fixées par la totalité de la ligne de crête, les limites inférieures sont moins tranchées pour l’observateur. Pour donner des repères visuels, en partant d’Ortale vers Cervioni (donc rive gauche) nous pouvons tracer une ligne depuis le ruisseau, 1 km avant l’ancienne carrière de l’Aghja à a Sarra et le ruisseau rive droite (depuis Novale vers Alistru) juste avant la décharge sauvage, 3 km avant d’arriver à Pietra di Verde.
Pour autant, il convient de préciser que les Ortalais, comme d’ailleurs les habitants d’autres villages, possédaient des terres sur les premiers contreforts de la plaine (sur la commune de San Giulianu et Sant’Andria – « E mezzanie » comme ils les appelaient – où ils cultivaient essentiellement la vigne et quelques arbres fruitiers.
Hormis Piazzali qui jouit d’un emplacement dans l’axe de la vallée, les autres communes (huit) sont disposées en guirlande entre 500 et 800m d’altitude et distantes à chaque fois de 2 à 3 km. Le « fleuve » U Bussu (et non l’Alesani, comme on l’entend ou on le lit fréquemment !) prend sa source dans la hêtraie, juste sous la Pointe des Caldane, dans un environnement rocheux très prisé par le passé pour la construction de meules de moulins ; il s’étire sur 26 km avec un réseau hydrique très dense avec des principaux affluents (U Rotaghju, u Rione, U Castellucciu, Fiume Rossu, Fiume di a Petra, Tuloria).
Et vu depuis Ortale, nous avons « Da fiume in quà », les communes d’Ortale, de Valle (avec les 3 villages Terriola, Castagnetu, Quercetu), de Felce (avec Milaria è Volgheracciu) de Tarranu (avec les villages de Bonicardu, Poghjale, et Orchja ; celui du Sorbellu est abandonné), de Piubeta (avec l’Auberge du Col d’Arcarotta)
« Da fiume in dà » , les 4 communes restantes de Petricaghju (avec Vitulletu), de Perelli (avec Casella è Quercepiani) de Piazzali et de Novale (avec I Cozzi).
Nous savons aussi que la Vallée présente peu de surfaces planes naturelles. La commune de Piazzali est celle qui en détient le plus ; celles de Tarranu, avec les jardins de A Porta et Perelli avec U Pratu (au dessus du village) sont relativement dotées comparativement aux autres dont le seul plat correspond à des terrasses aménagées destinées au maraîchage.
Pour ce qui concerne les activités humaines, la vallée a toujours montré une dominante agricole axée sur la castanéiculture ; verger de châtaigniers entretenus et ramassés en vue d’une transformation en farine pour la consommation humaine. Nous consacrerons la prochaine page à cette activité.
Actuellement, l’élevage est quasi exclusif, le ramassage de châtaignes semble marquer un renouveau et le maraîchage redémarre lentement. L’élevage du porc avec transformation charcutière est bien représenté avec en moyenne 1 à 3 unités par commune hormis Ortale et Piazzali qui n’en possèdent aucune. L’élevage caprin est dominant puisque 12 troupeaux sont présents dans le bassin versant (plus un troupeau d’ovins). En période estivale, il convient de rajouter 2 troupeaux supplémentaires qui transhument dans la partie haute de la vallée.
Dans ce cadre, tout végétal, Ortale se situe en creux de vallée puisque son altitude moyenne est de 500m ; placé sur un versant Sud, il est néanmoins face à la chaîne montagneuse de Novale et de ce fait ne bénéficie que partiellement de l’ensoleillement au cours de l’hiver. Plusieurs sites de jardins aménagés en terrasses sont encore visibles, U Ponte, A Croce (de part et d’autre de la D 71) et plus haut Carchetu ainsi que tout autour du village (Battagliaghju notamment).
Actuellement, la commune présente une végétation dense où strate arborée (chênes, châtaigniers, aulnes, frênes,) et strate arbustive haute (arbousiers, chênes, bruyère, lentisques) sont en concurrence. La strate arbustive basse avec le ciste et les genêts et d’autres espèces envahissantes (fougères, ronces) est relativement importante notamment sur toutes les « planches » anciennement cultivées (maraîchage, vigne, vergers).
Sur le plan de la faune et de la flore, dans l’état actuel des inventaires et des études, il semble que l’on puisse affirmer que la commune ne présente aucune spécificité. Si la population de sangliers est bien présente (elle cause d’ailleurs bien des dégâts aux jardins (abandonnés ou pas !), les autres espèces sauvages sont peu visibles (renard, belette, hérisson). A noter la présence d’un animal rare ( car en voie de disparition) « u ghjattivolpe » (littéralement le chat renard et rien à voir avec le chat sauvage). C’est un animal connu en Corse mais très rarement observé. En octobre, 2015, nous avons eu la chance de le rencontrer (et de le prendre en photo) dans le maquis d’Ortale. Nous avons signalé sa présence aux autorités en charge de « l’Environnement » PNRC et O.E.C.